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Message par Gnu Jeu 14 Juin 2007 - 18:44

CHAPITRE I : LE DOS DE LA CUILLERE


- Ne mets pas tes mains sur la porte ! Tu risques de te faire pincer très fort…Je t’aurai prévenu, répétait inlassablement Oracle, la maman du petit Billaume.
Elle était assise sur la chaise à bascule installée dans la galerie devant l’entrée, tricotant de ses doigts velus un petit chandail de laine pour son bambin. Elle ne quittait pas des yeux son fils, aussi turbulent soit-il. Il lui rappelait bien trop l’homme qu’elle avait aimé, fougueux et insatiable, toujours à l’affût, prêt à bondir sur n’importe quelle occasion pour lui soutirer quelques cris de plaisir ou tout simplement l’enquiquiner. Lui qui étalait outrageusement son art pictural sur les murs de la salle à manger, poussant le vice jusqu’au petit coin, n’avait laissé derrière lui aucun autre souvenir que celui des absents, ceux qui ont toujours tort. Car aussitôt qu’il su que sa femelle attendait une portée, il préféra décamper bien loin de la maison, si bien que ni les juges, ni la police, ni même ses amis ne purent le retrouver. Au mieux, des rumeurs parvinrent à ses oreilles disant qu’il serait en Chaulanie ou Diou sait-où.
L’espoir de le voir revenir un jour s’était estompé, tout comme beaucoup de ses rêves. Elle qui n’appréciait guère les enfants apprit à aimer le sien, le seul survivant de ses six petits morts lors du pillage de la région qui eut lieu il y a deux ans. En fait, son coeur s’était attendri devant ses grands yeux qui louchent, ses babines turlutantes et fredonnantes et ses petits cacas nocturnes qui la faisaient se réveiller en plein milieu de la nuit.
Il ne lui restait que ce cher ange et cette maison.

- Maman, à quoi tu penses ? demanda Billaume, qui avait cessé ses activités un instant pour venir déguster le jus de caramel light que sa mère prépara tantôt.
- A ton père, mon lapin. A ton père… répondit-elle dans un soupir de contemplation.
- Et il était comment papa, hein ? Dis maman, il était comment papa ?
- Ton père ? Ah, je ne sais pas mon enfant, c’est pour ça que je pense à lui en te voyant. Je n’ai pas eu le temps de le connaître, c’était un coup d’un soir. Tu vois, à l’époque, j’étais avec quelqu’un d’autre, un lapin profondément bon, avec un cœur grand comme ça.
- Ah ?
- Oui mon chéri. Il avait l’habitude de recevoir chez lui tout plein de monde. La maison ne désemplissait jamais, il prêtait même son lit à ses invités quitte à ce que nous allions dormir dans la grange.
- Mais maman, pourquoi c’est pas lui mon père ?
- Pourquoi, pourquoi, tu en poses des questions, parce que c’est comme ça.
- Maman, comment on fait les bébés ?
Elle voulût répondre, mais elle ne pu se retenir de fondre en larme. Si vous étiez passé par là, vous auriez vu une femme effondrée par le chagrin de la perte de cinq de ses enfants, le départ de l’amour de sa vie et cette maison dont les traites n’ont pas fini d’être payées. Elle n’avait presque plus rien à mettre, ses rares vêtements ressemblant à des loques de vieille sorcière lesbienne que même les couleurs folkloriques écossaises ne pouvaient rehausser. Cela faisait presque deux ans qu’elle n’avait pas été touché par un mâle, et sa jeunesse s’en allant, ses dents de devant aussi, elle craquait. Mais ne vous leurrez pas, car c’est seulement ce que vous auriez vu en passant par là. En fait, elle pleure de la connerie de son fils qui, à deux ans, n’a toujours pas son bac, est incapable de se faire des amis de son âge et continue de porter des couches culottes. Résultat, tout Clapierville se moque d’elle et de son garçon « un peu » retardé.
Pourquoi de tous ses enfants, celui là était le seul à avoir survécu. Cette question elle se la posait chaque matin quand elle lui donnait son bain. C’est peut-être le fait qu’il se soit caché dans le four pendant une partie de cache-cache qui le sauva le jour du pillage, qu’il se soit nourri pendant douze jours de la dinde qu’elle avait mit à cuir la veille, mais un mystère reste à élucider : comment se fait-il que le four fût retrouvé à huit kilomètre de la ville, en plein désert, par 50°C sous le soleil et qu’il n’ait pas souffert de déshydratation ? On se demande ce qu’il a pu boire. Quoiqu’il en soit, quand la porte du four fût débloquée, une odeur d’urine mêlée à celle de chaussettes sales après un match de rugby ayant traînées là des heures, tua deux des sauveteurs venus le sortir de son cercueil de fonte.

Elle jeta encore une fois un œil sur son enfant qui avalait du purin et soupira profondément. Intérieurement, elle espérait que quelqu’un viendrait lui ôter la vie ou simplement l'aiguille qu'elle venait de s'enfoncer dans la main en tricotant.
Mais elle était loin de s’imaginer ce qu’il allait se produire.

Dans cette ville aux allures de Far West aux confins reculées du désert explorable, le téléphone sonna. Le seul poste de téléphone était situé au relais des postes, à proximité de la gare ferroviaire qui était desservie deux fois par semaine par le transcontinental. En général, personne n’appelait, mais quand cela se produisait, c’était toujours l’occasion de faire la fête et la ville entière se transformait en l’espace de quelques minutes en sauterie géante.
L’appel était porté de longue distance, la transmission était loin d’être bonne, mais le préposé aux communications parvint à établir le contact.
- Allô ? ALLO !? Je vous entends mal, Allô ?!
- Ouais… ksshhh …lô ! C’est … aume !
- Quoi ? Qui est-ce ? Répétez ?
- kshhh… C’est …aume!
- Quoi ? D’où appelez-vous, qui vous envoie, c’est quoi le deal !?
- J’appelle de … lan…, de Chau...kshhh…nie…. Vous com…kshhh ?
- Moi pas con !
- Mais …kshhh… non ! Vous comprenez…. kshhh ?
- Ah oui, je comprends ! Que puis-je pour vous mon vieux ?
- Et bien … kshhh… là…bip bip bip bip…
- Merde, ça a coupé ! pesta le préposé que regardaient d’un air inquiet et impatient tous les badauds qui s’étaient attroupées près des postes.

Le brouhaha s’amplifia quand un individu essaya de se frayer un chemin au milieu de la foule. S’excusant, bousculant, se faisant bousculer, il arriva tant bien que mal devant le poste téléphonique.
- Putain, c’est de la chiotte vos téléphones ! Faut vraiment arranger ça, dit-il haletant
Le silence s’installa en quelques secondes, puis soudain, un grondement qu’on eu cru sorti de terre pulvérisa les vitres du saloon proche. La foule en délire se mit à crier le nom de celui qui venait de monter sur l’estrade.
- MICHAEL JACKSON ! MICHAEL JACKSON ! MICHAEL JACKSON !
- Wouhooo wouho ! modéra l'inconnu dont les ovations avaient quelque peu excités ses hormones. On se calme, je ne suis pas Michael Jackson, je ne suis que… Villaume ! Eheee.
Le silence s'installa une fois de plus et Villaume qui titubait encore de plaisir sur l'estrade, envoya ici et là des clins d'oeil et des baiser aériens.
Mais les cris de rage succédèrent aux cris de joie. Les carottes fusèrent de tous les bords, s’écrasant sur le relais des postes, comme les fléchettes de Gréguin sur les fesses d'un bicéphale, embrochant oiseaux et hippopotames volants, une marmite de ragoût de légume bouillante fut déverséee du toit directement sur la tête de Villaume.
Lui qui pensait rentrer en héros après ses faits d’armes, ne s’attendait pas à ce revers de fortune. Que pouvait-il bien se passer qui agitait tant les gens et les faisait le haïr ? Pourquoi tant de haine envers un lapin qui donna sa vie pour la Liberté?
Heureusement pour lui, une main vint à sa rescousse et il reconnût Oracle qui essayait de le sortir de là.
Sans trop hésiter, entre cette foule enragée prête à lui sucer le sang et celle qui le trompa jadis, le choix à faire était peu cornélien : il la suivit.

En se faufilant entre les maisons pour aller se mettre à l’abri, Villaume remarqua sur les murs des affiches illustrées d’un visage bien familier. Ce visage raviva en lui les pires cauchemars, car bien que cette face fût glabre, les cheveux parfaitement permanentés, le regard maquillé et un fond de teint qui ferait pâlir la plus guindée des prostituées du bois de Saint Marcelin, il reconnût Pi-Skoul.

A peine furent-ils en lieu sûr que Villaume assomma Oracle de questions concernant ce qui se passait en ce moment même à Clapierville. Il devait savoir pourquoi l’accueil fut si glacial, pourquoi au lieu de femmes nues aux seins gonflés de désir, ce sont des huîtres cent fois périmées qu’on lui lança en pleine figure et, par-dessus tout, pourquoi des photos de Pi-Skoul, travesti comme la pire des truies, amochaient les façades déjà bien laides de cette bonne vieille bourgade.
- Que sont devenues toutes ces charmantes personnes qui me donnaient une pomme en souriant même quand je venais pisser dans leurs pots de fleurs étant petit ? Y aurait-il un lien entre ce qui s’est passé à la gare et ce goret mal léché de Skoul ? demanda-t-il outré.
- Skoul ? Mais qui est Skoul ? répondit Oracle qui nettoyait Villaume des ordures qui s’amoncelaient sur sa tête.
- Skoul ?! Mais voyons ! Cette chose ignoble dont la photo a été placardé sur tous les murs de la ville. Tu sais LUI là ! s’étouffa-t-il en pointant du doigt l’image épinglée à un cactus d’où émergeait un bousier.
- Je ne comprends pas Villaume, cette personne est madame Ip Oskul, Elle s’est installée ici il y a environ un an et demi après être arrivée par les cieux ! Elle est notre gourou à tous, elle nous guide… Enfin, les autres, pas moi.
- Pourquoi pas toi ? interrogea notre lapin inquiet.
- Parce qu’on m’accuse de pratiquer la sorcellerie.
- La sorcellerie ??? Toi ? Mouhahahaha, laisse moi rire, c’est à peine si tu sais faire une purée de pomme de terre…
- … non mais tu rigoles, mais je t’assure, c’est à cause de mes cheveux rouge feu, qu’ils disent, et…
- Avec ces cheveux là, j’aurai plutôt dit qu'tu pues, mais pas qu't’es une sorcière, ricana-t-il odieusement.
- …et de lui là, conclut-elle le regard inquisiteur, en désignant son fils assis dans un coin de la cuisine à taper sur un cafard.

Villaume n’avait pas encore remarqué cette petite tête blonde dont les mèches rebelles se confondaient avec son duvet touffu. La vision de ce petit être fragile, séquestrant un insecte à l’intérieur d’un verre retourné où brûlait un morceau de papier censé consumer tout l’oxygène, rappela à sa mémoire de bien douloureux souvenirs.
Le regard lubrique de notre homme s’effaça d’autant plus qu’il regarda avec attention Oracle. Elle n’était plus la femelle qu’il avait connu. Ses oreilles pendouillaient bien bas à présent, si bien qu’elle pouvait presque marcher dessus. Allez savoir si cela venait du fait qu’elle ne se tenait plus droite, qu’elle ne se soit pas préparée au retour de Villaume ou qu’elle se soit laissé aller toutes ces années, une chose est sûre, à cette heure, elle n’était guère désirable.
- Tu n’es pas du tout bandante tu sais ? ne pu s’empêcher de dire Villaume.
- Ah sympa ! Moi qui viens de te sauver la vie…
- Non, mais c’est vrai, Eurk ! Regarde-toi, on a envie de te cracher dessus tellement t’es flasque. On pourrait même pas téter tes seins si on le voulait, le lait a du cailler dans le fond, sans parler de ces bourrelets dégueulasses que tu enroules …
Mais il ne pu finir sa phrase car elle lui retourna une gifle magistrale qui l’étourdit quelque peu.

Quand il eut repris ses esprits, il la vit debout devant l’évier en train de brûler toutes les photos qu’il avait prit d’elle jadis et qu’elle avait gardé jalousement comme le souvenir de leur amour passé.
Mais apparemment, il venait de briser le mythe… et il s’en foutait totalement.
- C’est ça, brûle, BRULE ! Brûle en Enfer ! Damned ! pesta-t-il en se grattant l’entrecuisse nerveusement. Au fait, tu ne m’as toujours pas dit : Que fait exactement cette Ip-Oskul ? C’est un gourou, mais quel genre ? Fanatique débraillée qui prône le sexe et le dévergondage ? Une malade mentale qui clame à qui veut l’entendre que la fin du monde est proche et qu’il faut lui donner tout ton fric sinon la rédemption sera impossible ? Une tarée asexuée qui annonce fièrement son triple changement de sexe opéré par des extra-terrestres dans le but de prouver au monde qu’ils sont omniscients et blablabla et blablabli ?
- Oui ! C’est exactement ça Villaume, tu as raison… Tu as toujours raison d’ailleurs. Tu ne respectes rien hein ? Tu n’as pas changé mon vieux. Toujours à te croire meilleur que les autres…
- QUOI ??? C'est pas le résultat de mon cocufiage qui a donné cet espèce de sous-merde d'attardé mental qui… Hé, mais qu’est-ce qu’il fait ??? Oracle ! Il bouffe mes chaussures ! Lâche ça morveux ! hurla-t-il en direction du gamin qui se figea net, le regard vide, le lacet de la chaussure droite dans sa bouche, la chaussure gauche dans l’oreille.
- Repose ces chaussures s'il te plait mon chéri, dit-elle calmement à son fils qui obtempéra rapidement. Il a été méchant le monsieur avec toi hein, Tiens, va plutôt mâchouiller le pied du vilain bonhomme là-bas, ok ?
- Hop Hop Hop, on se calme gamin, on se calme ou je t’en colle une belle, bordel de couille de pute !
Villaume se rendit compte que ce n’était ni le lieu ni le moment de discuter de ce qui le préoccupait. Et de toute façon, il était bien trop fatigué pour pouvoir tenir tête à cette femme qui semblait refouler tout ce qu’elle a pu lui faire dans le passé pour le faire culpabiliser de l’avoir abandonné à son sort.
Ce qui le turlupinait c'était de savoir qui était cette madame Ip-Oskul et pourquoi elle lui faisait affreusement penser à Pi-Skoul et, si possible, s’adonner à ses pulsions onanistes…


Dernière édition par le Jeu 14 Juin 2007 - 18:56, édité 1 fois
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Message par Gnu Sam 16 Juin 2007 - 5:49

CHAPITRE II : PREMIERE RETROUVAILLE


Les rituels accompagnants la mort ont donnés naissance à ce que nous appelons aujourd’hui les religions. Les générations d’êtres pensants qui se sont succédés n’ont fait que renforcer le sentiment que chacun avait un contrôle sur sa propre vie. La vie perdait l’irrationalité de sa réalité pour devenir un fantasme dont l’ultime contrôle serait celui de sa fin. Dans ce but, des gourous de tout genre ont énoncés des vérités aussi arbitraires qu’imaginaires afin de rallier à leur personne égocentrique et analphabète le maximum d’âmes inquiètes et soucieuses de préserver le rêve de leur harmonie. Ils établirent des lois si pointues et si fermées que si elles étaient suivies à la lettre, aucun individu ne serait libre de vivre son existence.
Une première nuit passa et au lever du jour, aucune autre loi que celle de la nature ne pouvait supplanter la suprématie de l’envie de pisser, pas même les pérégrinations d’un vulgaire porc nasillard.
Villaume regardait la rosée du matin perlant dans les rainures des planches de bois des latrines en plein air. Les rayons de soleil, qui pointait le bout de son nez, étaient décomposées en un arc-en-ciel qui striait le regard à demi-réveillé du rongeur.
Après avoir égoutté et séché son frétillant cornet en se frottant sur l’une des parois des toilettes, Villaume retourna vers la maison en sifflotant tel un éphèbe au sortir d’une partouze gay. Les animaux nocturnes avaient cédé la place aux oiseaux diurnes et autres bestioles rampantes qui s’éveillaient sur la pampa. Un fennec, voisin d’Oracle, salua Villaume d’un mouvement de chapeau. Il lui rendit son salut en lui décochant un sourire qui inspirait à celui qui le recevait, confiance, sérénité et joie.
Cette matinée était parfaite, jusqu’à ce que Villaume reçoive le contenu du pot de chambre de Billaume sur la tête.
- Hééé !!! Cria-t-il dégoûté. C’est quoi cette m…
- Tu l’as dit bouffi ! C’est de la merde. Bonjour ! répondit Oracle de sa voix rauque du réveil.
- Fais chi… Tu pourrais pas faire attention quand tu fais la vidange des pots de chambre, putain !!!
- Pfff, que t’es susceptible dis donc, rétorqua-t-elle dans un hochement d’épaule.
- QUOI ? Moi Susceptible ! Mais … Laisse tomber.
Et Villaume chercha de quoi se nettoyer, quand il aperçut l’abreuvoir des chevaux. Il décida d’y prendre un petit bain purificateur alors qu’Oracle préparait le petit déjeuner.
Après avoir fini de se nettoyer jusque derrière ses longues oreilles, notre ami revint à l’intérieur pour prendre sa pitance et profita de ce que Oracle paraissait calmée pour en savoir plus sur ce qui se passait.
- Ce que j’comprends pas, c’est pourquoi personne n’est encore venu me chercher ici, s’étonna Villaume.
- Probablement parce qu’ils pensent que la maison est maudite. Tu sais, ils sont encore très supersticieux. Tu ne te souviens pas de notre voisine ? Tu sais, la madame avec un peu d’embonpoint qui croyait dur comme fer qu’il ne fallait pas tenir la cervoise à l’envers sinon un génie malfaisant en sortirait. Combien de fois t’a-t-elle prit ta bouteille te forçant à l’injurier pour qu’elle te la rende ?
- A qui le dis-tu, pour sur que je m’en souviens. Mother fucker, si je l’attrape celle là, je lui fais bouffer une citerne de savon pour diluer toute sa graisse. Au fait qu’est-ce qu’elle est devenue ?
- Aux dernières nouvelles, il paraît qu’elle est morte en tombant dans une citerne de savon justement. Elle a complètement fondu. On n’a retrouvé que son énorme soutien-gorge.
- Arf, quelle horreur. Bon, donc tu disais qu’ici je suis en sécurité. Mais cette Ip-Oskul va sûrement être avertie de mon arrivée et…
- Euh, pourquoi cela poserait-il un problème ? Tu sais, je trouve suspect que tu n’arrêtes pas de parler d’elle. En plus dans tes élucubrations nocturnes tu as prononcé son nom trois fois et trois fois celui de ce Stoul… Skoul… ou je ne sais pas quoi.
- Skoul, Pi-Skoul, c’est une longue histoire mais tu dois savoir que c’est contre lui que je me suis battu durant ces dernières années. Avec une bande de potes, on l’a vaincu dans le royaume de la Terre de l’Entre-Deux. Quoi, t’es pas au courant ?
- Non, répondit Oracle d’un air de détachement si fort que Villaume s’enflamma.
- Comment non ! Mais merde, on a sauvé la planète ! Et personne ne l'sait ?!
- Non.
- CHIER !!!!! JE ME CASSE ! Ou bien non, je RESTE ! Mais j'vais te raconter ce qui s’est passé.
Et notre lapinou adoré partit à raconter toute l’histoire des deux précédents livres que je ne vous ferais pas l’insulte de vous résumer.
L’affaire dura bien trois heures, trois longues heures durant lesquelles Oracle crû qu’elle allait mourir d’ennui.
- … et c’est comme ça qu’après nos retrouvailles, Gareld encula Kivun et que tous mes amis me portèrent aux nues comme LE héros qui avait sauvé la planète du désastre de l’Apocalypse, conclut-il avec un sourire narquois, l’œil vif et un mouvement des lèvres qui indiquait la fierté, voire la satisfaction perverse qu’il tirait de son aventure.
Evidemment, Villaume prît quelques libertés sur l’histoire pour la rendre plus piquante, mais l’essentiel y était.
Finalement, Oracle se leva silencieusement et rapporta à Villaume une des affiches d’Ip-Oskul dont étaient recouverts les murs de la ville.
- Dis moi Villaume, tu ne trouves pas qu’en plus de la ressemblance avec cette truie, le nom d’Ip-Oskul et de Pi-Skoul se ressemblent ?
- Euh… attends que je vois ça. Non, non, je ne vois pas ce que tu veux dire.
- Mais voyons, regarde bien, reprit-elle un peu exaspérée. Si tu changes de place les lettres qui composent le nom d’Ip-Oskul , qu’obtiens-tu ?
- PARDI, mais c’est bien sûr !! Ip-Oskul c’est l’anagramme de … Poul-Ski ! Poul-Ski, qui se rapproche justement de Polska, qui signifie Polonaise en polonais. Je suis un génie !
- MAIS NON ! dit Oracle en se tapant le front avec la paume de sa main. Qu’est-ce qu’il peut être con, c’est pas possible. Regarde, Ip-Oskul est l’anagramme de Pi-Skoul.
Le silence qui suivit cette révélation était à la mesure de la vexation de Villaume.
- Pff ! Mais bien sûr que je l’avais trouvé…Tsé, je faisais semblant euh…c’est tout… Remarque, c’est très ennuyeux pour nous, si tu vois ce que je veux dire.
- Ben voyons, surtout après ce que tu m’as raconté. Qu’est-ce qu’on va faire ? Tu connais personne qui pourrait nous aider ?
- Ben non, quoique… Il y aurait bien un moyen, mais… non laisse tomber.
- Non, c’est quoi, dis-moi, reprit la lapine dont la curiosité était piquée au vif.
- C'est-à-dire, je pourrai aller quérir mes amis pour voir ce qu’on pourrait faire, mais actuellement, je ne sais pas où ils sont. Hormis Kivun le mage, je ne peux pas joindre les autres.
- Ben essaie avec Kivun déjà, on verra après pour les autres…

Mais leur discussion fût soudain interrompue par un bruit sourd qui fît trembler la maison. Les chaises se renversèrent, trois verres se brisèrent et la table manqua d’écraser la patte de Villaume en rebondissant sur place. Une fenêtre se fendit, attirant le regard de nos comparses vers l’extérieur où une dizaine d’oiseaux s’envolèrent brusquement.
- Putain, on nous tire dessus ! Hurla Villaume qui s’était réfugié sous le lit le poil ébouriffé. Je pensais qu’on était en sécurité ici, putain de merde ! C’est quoi ce bordel ?!
- Mais nous sommes en sécurité, fada! C’n'est que Billaume qui vient de faire son rot matinal. T'es vraiment une petite nature à sa maman, rigola-t-elle en observant Villaume terrifié se recroqueviller sous les lattes du lit.
- Gnagnagna… Non, mais là faut faire quelque chose pour ton machin. Il est sacrément atteint ton môme. Bon, j’appelle Kivun… mais je vais avoir besoin de place pour ça. Pousse la table femelle !
Oracle poussa la table, non sans avoir collé une gifle à ce mufle de Villaume, et ce dernier dessina sur le sol un cercle entourant un pentacle. Il s’assit au milieu de sa figure et se mit à chanter d’abord doucement, puis fort ce cantique :

Par delà les faits, les lieux et le temps
Les mystères du feu, des eaux et des vents
Apparais à moi fort, dur, turgescent
Ô Toi qui jamais ne triches ni ne mens.


La lumière aveuglante qui jaillit soudain du plafond était accompagnée d’une odeur de soufre âcre et putride ainsi que d’un léger grésillement qui rappelait celui de la fraise du dentiste. Il fallut quelques secondes seulement pour que la lumière se condensa et forma sur le sol la silhouette d’un animal qui, dans le plus simple apparat, finit par se dresser : Kivun le mage s’était matérialisé.
Alors qu’Oracle, terrifiée par cette magie venue des entrailles de l’Enfer, tenait fermement son rouleau de pâtisserie en guise d'arme et que Villaume finissait de se relever, Billaume vint montrer son intérêt au nouvel arrivant en lui tapant dessus avec un petit marteau.

- Hey, HEY ! C’est pas bientôt fini ce tapage oui ?! Cria Kivun, que les maltraitances du petit garçon ont fini par réveiller.
- Kivun, mon ami, vient que je te serre dans mes bras, sourit Villaume. Comme tu m’as manqué. Viens ici pour ton poutou…
- Euh ouais, ça ira… je le « sens » bien que je t’ai manqué l’ami, dit Kivun qui tentait de se défaire de l’étreinte de Villaume dont le sexe en érection venait chatouiller son bedon. Aller, remets-toi de tes émotions. Voyons, pourquoi m’appelle-tu à une heure si matinale. J’étais encore en train de dormir moi Mossieur ! Et puis c’est qui celle là ?
- Assis-toi, je vais t’expliquer. Oracle, apporte nous à boire et à manger et que ça saute. Elle ? C’est juste ma bonne à tout…AIE !
Oracle venait de jeter son rouleau à pâtisserie sur la tête du petit grignoteur de carottes.
- Impétueuse à ce que je vois. Bravo Villaume, exactement comme tu les aimes. Mais que vois-je madame ? Des beignets aux pommes et à la cannelle. Puis-je ? demanda le marsouin, dont l’estomac reprenait le dessus.
- Bien sûr, demande à ce crétin de Villaume de te servir.
- Ah salope, si je t’attrape… enfin bref. Je ne t’ai pas fait venir ici pour que tu me vois renvoyer cette mégère à ses fourneaux… AIE… J’ai besoin de ton aide. J’ai besoin de l’aide de tout le monde.
- Ok, voyons ce qu’on peut faire pour toi mon p’tit Villaume. Mais avant tout… Je vais péter.

Et alors que Kivun vidait son orifice respiratoire de tous les gaz qu’il avait en lui, Villaume récupéra l’affiche de Pi-Skoul alias Ip-Oskul des mains de Billaume qui avait entreprit d’en faire un combustible pour le feu…
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Message par Pascalfou Sam 18 Aoû 2007 - 12:22

CHAPITRE III: FOUGUE ET COUILLES BROYEES


A des années-lumière de là, sur la belle plaine isolée de Qôbeck, dans un petit hameau de 25 âmes appelé Plôtinô, vivait un couple de castors onanistes occupés à construire leur nid d’amour au pied d’une clairière enneigée. Les deux joyeux comparses s’étaient rencontrés dans une soirée entre castors se déroulant à quelques années-lumière de là dans l’appartement d’un mécène de la fête absolument extraverti et exhibitionniste. Leur amour dépassait les réticences de leur famille respective. Grôrj était un mâle asexué de tendance XXY venant de la tribu Eden-chouldeurs, tandis que Rhode était une femelle de XYXX de la caste des Rhec-saunas, ennemis jurés des Eden-choulders (bien que les ennemis jurés des Rhec-saunas n’étaient pas les Eden-chouldeurs, mais les machiavéliques Fa (aux senteurs de lavande) qui s’amusaient à irriter les yeux de leurs pauvres chérubins!). Rhode (la femelle) était tombée follement amoureuse du beau et chevelu Grôrj qui dansait un slow érotique avec une splendide lapine ibère du nom de Fuenffef (et apparentée à la famille des Lapiniqués car ancienne esclave sexuelle de Cothy, qui elle-même est entrée dans la « famille » après avoir offert sa virginité séantique à Yvon, lui-même demi-frère de Vuillaume (car nés de la même éjaculation), et parce que 1543 générations de consanguinité ont permis d’ « unifier » cette grande famille). Frustrée au point qu’elle se mît à griffer jusqu’au sang la main de sa sœur jumelle obèse Jouflie qui lui tenait compagnie, elle se saisit d’un quidam qui passait-là par hasard, et les yeux injectés de sang et sa chevelure plus flamboyante que jamais elle empoigna d’une main de bushman son « bas » (du quidam) et lui hurla à sa face larmoyante : « TOI, ENCULE MOI GROS CON !!!! ». Sous l’effet de l’effroi ainsi que de la douleur (à cause de la pression exercée, les deux potes avaient dû intervertir leur siège), le pauvre sapeur pompier-sauveteur- pilote de chasse-sage-hérissonne-docteur ès héroïsme tomba en syncope, anéantissant tous les espoirs de vindicte frustrative de la belle castorette.

Une bande de trois lurons se pliaient de rire de l’autre côté de la piste de danse, il s’agissait d’un chevreuil, d’un bouc et d’une marmotte, rencontrés sur les bancs de l’école de l’Histoirreeuuhh de la Viieeee !!! Keraj, Ugn et Laspac qu’ils s’appelaient, et ils étaient copains comme cochons. En réalité, ils analysaient en sirotant un bon verre de liqueur de rhubarbe, les petites scènes de vie qui se déroulaient sur l’estrade du grand bordel magistral et qui prenait forme sous leurs rires gutturaux. Leur acolyte Grôrj qui tentait tant bien que mal de peloter la compagne du très endormi Alôônffo, mais qui se heurtait à ses protestations peu convaincantes (« Oh noo Groujrdfg, Toû po mé masser lesse nichoneuz mé tou restes à oune mètrrrrrre de moa »), ou bien la petite Margaret excédée par les phrases typiquement machistes de son Chohane en société (« sers-moi un verre, femelle ! ») alors qu’au fond de lui, un être plein de tendresse préférerait lui écrire des mots d’amour, et encore ce pauvre Joliom Gosnier gisant devant une rousse nymphomane. Ironie du sort, une femme se jette dans ses bras, mais ses couilles broyées ne lui permettent plus d’utiliser sa lance pour éteindre ce feu si ardent qu’il aurait en temps normal apaisé en tout autres circonstances (quel tombeur ce Joliom !). Cependant l’un d’entre eux, Ugn, n’était pas tout à fait de la partie. Il pensait encore à sa belle bichette rencontrée les vacances dernières sur le pont des cœurs perdus, et pour qui il s’était épris d’une fulgurante passion. Malheureusement un océan séparait les deux z’amoureux, un océan d’incompréhension et de mépris puisque l’entourage de Ugn ne comprenait pas pourquoi leur fidèle compagnon s’était amouraché d’une fille si différente culturellement parlant, et surtout si jeune (près de 9 mois d’écarts !!). Cependant la lueur de sa passion ne cessa de briller, et par delà la réticence de son entourage (en particulier de son frère jumeau, un mollabin (gourou de la religion zoophile) très enraciné dans la tradition familiale eugéniste-incestuelle), il fît quelque chose de complètement dingue. Il traversa 3400 km d’étendue à la nage, et termina les 100 derniers km en papillon (la nage, pas la bestiole). Une fois arrivé dans la province enneigée de sa belle, il effectua un coup d’éclat en faisant la une de tous les quotidiens locaux puisque ayant provoqué une avalanche meurtrière qui ensevelît tout un village voisin qui n’avait rien demandé après avoir eu la bonne idée de hurler dans son mégaphone perché sur la cime d’un sapin : « ******, JE T’AIMMMMMMEUUHHHH !!! ». Tristement célèbre pour avoir été à l’origine de la mort par enterrement spontané des six mille neuf cents quatre-vingts quatorze virgule cinq habitants de cette bourgade, il prit logiquement ses jambes à son cou, et s’éclipsa sans demander son reste. ****** apprit la nouvelle devant son poste de télévision et s’en émut. Qui d’ailleurs ne fondrait en voyant son soupirant retourner les montagnes et n’hésitant pas à risquer la vie de milliers de pauvres chalands ? Ces pauvres milliers de chalands sont en effet morts, mais l’amour est ainsi : éphémère et éternel, il n’est qu’une étincelle qui brûle et consume la mèche de la mine à fragmentation qui irrigue notre corps, et lorsque la mèche ne foire pas, alors c’est notre corps tout entier qui s’enflamme, sous l’action de notre cœur qui bat la chamade, le cœur ne se contrôle plus, il est source de créativité irrationnelle et infinie, il est le mécène de notre âme, il fait des étoiles nos égales. Ugn, lui, est devenu un astre, filant vers sa Petite Ourse à lui !

D’aucuns vous feront remarquer qu’une simple lettre affranchie au tarif postal en vigueur (49 pétro cents) aurait été moins remarqué, mais lorsque l’on est amoureux, ne veux-t-on pas le crier à la galaxie toute entière ? Oui ! Sur le coup, ****** jouit de bonheur, une véritable fontaine Wallace (pas de méprise, c’était des larmes de joie) ! En réponse elle passa dans une émission de real TV dont le concept fut de survivre le plus longtemps possible dans le zoo de Pet-Quain en faisant des spectacles quotidiens de saltimbanques à un public de mammifères bipèdes friands de Fasteu-foude. Chaque semaine l’artiste le moins épatante était éliminé du jeu, et sortait du jeu (pour atterrir on ne sait ou, dans une arrière-cuisine d’un grand restaurant de luxe). Cependant, Ugn avait le cœur chagriné, car pendant que lui faisait la fête avec ses amis, son âme sœur, elle, faisait le poirier sur les index tout en jouant du Dassin avec son harmonica. Ainsi Ugn décida de bouder.

- Ugn :... etc....Etc.....
- Lascap : Putain de bordel de chatte !!! Tu vas enfin arrêter de bouder gros naze ??? Depuis ton retour tu es méconnaissable ! Danse ! Je te l’ordonne !

Et tandis que certains s’engueulaient ou bien pleuraient de douleur, que certains se frottaient ou que encore, régurgitaient leur pitance, d’autres s’emboîtaient en parfaite harmonie trois étages plus bas, et deux autres mataient tout se donnant du plaisir l’un et l’autre. Le couple vache/mulot s’adonnait à des échanges de fluide dans tous les lieus qu’ils trouvaient opportuns (square d’enfants en plein après-midi, toilettes turques du RDC de Jissuis, station d’épuration nationale).

Le tournant de la soirée ! Vers 1h30 du matin des chiens policiers armés de woufballs (mortels à bout portant) débarquèrent en catimini (porte défoncée au bélier) suite à une plainte du voisinage frontalement national. Ces armées canines furent accueillies par un maître de maison passablement ivre, le sexe au garde à vous et la main baladeuse (je peux jouer avec votre arme ?), vociférant des avances incompréhensibles à la palisse. Puis ensuite la sœur hystérique dudit frère, hurlent le balai fendant le ciel : « Rhhhhhhhhaaaaaaaaaaa !!!! Vous êtes tous des cons dans la métropole ! », S’ensuivit une ribambelle de phénomènes plus ou moins ragoûtants qui choquèrent à jamais les policiers. Un couple d’éphèbes se mélangeant, une blonde jalouse agrippée avec menottes au talon de son bedonnant mari, un mouton ramassant avec ses palmes le petit dej’ de son acolyte, deux kangourous pratiquant le « viet vo vao » (art ancestral phacochère), une marmotte préparant une mixture à base de mousse à raser et de vieux mégots pour en maculer sa voisine, un groupes de garçons jouant à la balle au prisonnier avec un chaland ivre mort, un hérisson massant ses bijoux de famille avec une crème à base de cactus (normal pour un hérisson !), un martien docteur en moon-walk, un phacochère travelo occupé à moyenner une petite lapine…

Finalement tout le monde alla au poste pour aller discuter de tout ça autour d’un bon café, exceptés Rhode et Grôjr qu’elle sauva en le cachant des hordes de flicailles sous un lit ayant récemment servi : lattes défoncées à coups de bassin. C’est ainsi qu’elle réussit à conquérir le cœur de pierre de Grôjr, en lui promettant une pipe matinale quotidienne ainsi qu’une épilation totale des aisselles.

Revenons donc à notre clairière. Après avoir sué sang et eau durant près de 5 semaines de labeur, les castors achevèrent la construction de leur doux nid d’amour. Ils s’étaient installé dans un petit renfoncement douillet racheté suite à un appel d’offres à des marmottes, et durent refaire toute la déco. Au final, le foyer se révéla très agréable à admirer, mais aussi à habiter. De magnifiques tableaux achetés aux puces ornaient le mobilier rustique du salon, le home cinéma écran 98 pouces permettait la retransmission de matchs de foot grandeur nature, et un magnifique lustre en cristal rayonnait la pièce, et la revêtait de mille apparats. Dans la chambre, un lit de roses et des dizaines de déodorants accrochés tels des trophées permettait la diffusion constante d’une odeur enivrante. Les rideaux étaient satinés avec une teinte de rose, et la lumière blanche de leur lampadaire reflétait par delà les mêmes rideaux leurs silhouettes durant leurs ébats sexuels. De toutes façons, l’acoustique de leur appartement était telle que lorsque le repos du guerrier était venu, tout l’arbre entier était au courant de leurs activités immorales. A vrai dire, c’était Rhode qui s’était occupé de TOUTE la rénovation de l’appartement et du meublage des pièces tandis que Grôjr, suivait la coupe du monde au bar avec son ami Chohane. Et au final c’est lui qui fit un discours de 30 minutes à la gloire de la bière blonde et des coups de tête inopinés pendant les matchs avant de poser la dernière pierre. Tout à coup, au point final du discours, à peine le temps de dire Amen (pour en réalité dire « amène toi femelle que je fourre les orifices avec toutes ces roses épineuses), un ENOOORME cri rauque retentit dans toute la forêt vierge et un coup de massue à portée circulaire s’abattit sur tous les arbres de la clairière rasant tout trace de lieu habitable et emportant au passage tous les espérances sédentaires de Rhode. Elle tomba en syncope et se cogna la tête sur une branche opportune qui doit encore se marrer, tout ça parce que son chevaleresque compagnon avait pris ses jambes à son cou dans un élan de survie, au lieu de rattraper sa belle pendant sa chute… […]… etc.

Surgit alors d’un pas d’éléphant un Ignoble ours habillé d’un uniforme de garde-chasse et d’un képi ou il était écrit « patrouille de protection de la forêt de Plôtinô », il poussa un monstrueux cri « j’t’ai eu salope !!!! » et se cogna le torse avec ses poings tel un orang-outan. Le suivit une petite femelle koala aux protubérances mammaires gargantuesques:

-"Gareld mon chouchou! ce n'était ben qu'un maudit moustique"
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Message par Gnu Mar 18 Sep 2007 - 1:57

CHAPITRE IV : UN PAS DE TROP


Il y avait deux chevaux qui paissaient dans un champ non loin de la maison et le vent dans leur crinière évoquait, à qui voulait le croire, les derniers moments de la Création, quand Diou, voyant qu’il ne restait plus rien à inventer, créa le mouvement. C’est ainsi qu’apparurent la rotation de la Terre, les marées, la marche, la course, le vent et d’autres milliers de petites choses sans importance, comme le temps, les battements cardiaques, les montées d’adrénalines, les formules 1 et les flux neuronaux qui donnent au cerveau le contrôle sur chaque entité qui le possède.
Celui de Villaume bouillonnait en racontant à Kivun ce qu’il vît. Ses joues, habituellement d’un blanc éclatant, rougissaient comme une tomate de Floride. Chaque veine de son front battait en rythme avec les allitérations que sa bouche vomissait entre l’écume jaillissante de ces lèvres asséchées.
- Calme-toi voyons, lui dit Kivun, tu vas nous faire une crise cardiaque. En plus, t’en mets partout sur mon super collant… Donc, tu me dis que c’est Pi-Skoul que je vois sur cette photo ? Ma foi, on dirait bien. Je me demande comment il a fait pour rentrer dans cette gaine.
- MAIS MERDE !, reprit Villaume exténué, il peut pas être là à se refaire un monde, on a décimé sa race, putain !
- Ben écoute, j’y suis pour rien moi. Et tu as besoin de moi pour quoi ?
- Pour le tuer Pardi, sinon quoi ? Tu crois que je t’ai amené ici pour te farcir l’anus d’oignon et de paprika ? Ironisa-t-il, quoi que cela ait été bien sympa, dit-il en tombant dans ses pensées… Mais se ravisant, il poursuivit : Nous devons le détruire coûte que coûte.
- Ecoute mon p’tit pépére, tu es en train de nous la faire à la Gareld, avec la voix de Jeanus, alors tu vas commencer par te calmer ! OH ! Bon ! Le détruire OK, il suffit d’aller là où il se terre et on l’encule. Pourquoi serait-ce si compliqué ? On sera de retour pour la moisson.
- Mais, petit malin, reprit Villaume en tapotant de son doigt fragile sur le torse épilé et aérodynamique de son camarade, c’est que t’es un génie !
- C’est vrai ? demanda Kivun, le sourire hébété aux lèvres, prêt à s’auto-satisfaire en compliments.
- Bien sûr mon ami, et après ça, on ira tous ensemble faire un tour dans le manège enchanté du pays des bisounours avec monsieur Propre.
- Tu te fous de moi là, dit Kivun.
- Bien sûr que je me paie ta gueule imbécile ! Il est entouré d’une multitude de gardes asservis par je ne sais quel envoûtement. Et lui me sort qu’on a qu’à aller le tuer dans son lit.
Mais, il se rendit compte que cette façon de parler à Kivun n’avait pas l’effet escompté, car notre ami Marsouin ne s’était pas levé de la bonne nageoire et résistait tant bien que mal à en foutre une dans le naseau de notre lapin fétiche.
Villaume reprit donc langoureusement :
- Si seulement c’était aussi simple, je n’aurai pas fait appel à toi voyons. Tu es plus qu’une aide, tu es un pilier de notre groupe. Groupe que nous devons remettre sur pied d’ailleurs.
- Je ne sais pas si ça sera aussi simple. Je pense que nous devrions commencer par retrouver le seul qui aurait bien été incapable de disparaître dans la nature.
- Tu veux dire…
- Exactement, je veux dire…

L'après midi venu, nos deux acolytes prirent congé de Oracle et de son fils, non sans mal, puisque ce dernier mordait la nageoire dorsal de Kivun si fort et si bien que pour l’en décrocher, il fallut lui chauffer l’œil à l’aide d’un chalumeau.
Ils prirent la route du sud, suivant la direction du busard zébré, envahis par un léger doute quant à la réussite de leur manœuvre. En effet, le seul compagnon de route dont ils savaient à peu près où ils pouvaient le trouver, n’avait pas donné signe de vie depuis un moment déjà. Depuis six mois, six jours, six heures et neuf minutes pour être plus exact.
Ils comptaient sur la providence, le vent, la lecture dans le marc de café et leur boussole pour le retrouver.

Le chemin qu’ils suivaient avait été tracé par les pionniers de la conquête du Sud. Des trappeurs, des mineurs ou de simples fous avaient ouvert la voie qui devait mener à ces régions désertiques de la Sierra Denada. Ces pionniers recherchaient, ce que chacun appelait ici, la roca increíble, littéralement, la roche incroyable. Une roche dont l’éclat et le pouvoir, pouvait, disait-on, nourrir sans fin celui qui la possédait. Mais, depuis ce temps, rien n’ayant été trouvé, la route avait été laissée à l’abandon, devenant le territoire des banditos et autres gringos, menacée par l’effondrement à certains endroits, assaillie par les ronces à d’autres.
Nos amis progressaient doucement dans ce désert. Les caillasses s’amassaient dans leurs bottines, rendant leur voyage un peu plus pénible à chaque pas, si bien qu’à un moment donné, Villaume craqua :
- Pourquoi ? POURQUOI ? Ca n’sert à rien de toute façon. J’en ai assez de me battre, assez de la vengeance, assez de sacrifier ceux que j’aime sur l’autel du sexe. Pourtant, très tôt dans ma jeunesse on m’avait prévenu que je devais tenir ça de mon père, qui devait le tenir de son père, qui lui-même devait le tenir de son père, qui, lui, le tenait d’un vieillard borgne. Il n’y a rien que je fis qui laissa sa marque dans l’Histoire, rien que les générations futures pourront lire en disant : « Ce fût un grand lapin ». Non, vraiment rien, aucune trace, si ce n’est celle de ma semence sur tous les monuments que j’ai visité.
Pourquoi devrai-je subir les moqueries de la lâcheté, alors que ceux là même qui osent lever le ton à mon passage souffrent de sécheresse mentale ? Quand un handicapé passe, on lui cède le passage, mais qu’un obsédé sexuel, dont l’obsession en devient handicapante, passe, on lui crache dessus ! Je n’en peux plus, je sens que je suis en train de régresser, je sens que je vais me rouler en boule et sucer mon pouce en me balançant… Oh oui, c’est ce que je vais faire. Ô Kivun, laisse moi donc périr ici, je ne veux plus avoir à me battre, plus avoir à rendre des comptes à ceux qui se complaisent dans l’ingratitude et la servitude de celui que je combattis à plusieurs reprises. Il est trop tard pour moi à présent. Tiens, passe moi donc ce caillou que je le suce, et va-t-en… va-t-en.
- Bon, Villaume, d’une je ne vais pas t’abandonner comme ça, et de deux, t’as pas l’impression que t’en fais trop? On est parti depuis seulement dix minutes !
- Ouais, ben on s’en fout, j’ai faim, conclut Villaume en croisant les bras, déterminé à ne plus bouger.
Kivun saisit le lapin sous sa nageoire, sans que celui-ci ait bronché, et entama la route avec son nouveau chargement qui boudait sous ses aisselles.
Heureusement, le soleil venait de se coucher, ainsi la chaleur devenait supportable. Mais très tôt dans la nuit, la température allait tomber, les scorpions sortir de leur terrier, et les animaux nocturnes prendre le relais.

Ils décidèrent de planter la tente près d’un cours d’eau pour passer la nuit. Les rochers environnants prenaient une dimension colossale, inondés de la lumière terne de la Lune qui atteignait son quart. Presque claire, la nuit ne laissait pas le loisir aux bestioles de se cacher dans l’obscurité, si bien que Villaume parvint à attraper un serpent, le dépecer et le faire cuire sur un beau feu de bois. Kivun, répugné par ce qu’il voyait préféra entrer en transe et, après la danse de la Lune, il s’allongea, plia ses nageoires sur son torse et ferma les paupières.
Plus un bruit ne pouvait le déranger, pas même celui de la mastication saccadée et rapide de son compagnon de camping. Kivun, habitué au camping en pleine nature, avait pris soin de rassembler toute sorte de feuillages sur sa route pour en garnir le fond de la tente, afin que leur sommeil soit plus doux. La tente, elle-même, il l’avait faite de plusieurs pièces de tissus, cousues les unes aux autres, toutes trouvées sur les cadavres des marchands morts en tentant de traverser la région. Tout autour du campement, il avait planté des cactus arrachés sur le chemin, afin de créer une sorte de barrière contre les prédateurs qui oseraient s’aventurer dans le coin.
Villaume, quant à lui, finissait son serpent en aspirant bruyamment ce qui semblait être le système digestif, et conclut en croquant dans les testicules du reptile.
- Je les laisse toujours pour la fin ceux là. Ah mon gars, ces couilles, si tu savais les propriétés qu'elles ont elles… Kivun ? Kivun ??
Mais notre ami aquatique s’était endormi de fatigue pendant sa méditation. Villaume alla le rejoindre, le borda tant bien que mal avec cet amour qu'on les mères à l'égard de leur enfant, et enfin, se blottit contre lui, enfonçant sa tête dans un des plis gras de sa peau douce et lisse.

Le soleil fini par se lever sur la Sierra Denada, et bien vite, il emplit l’atmosphère de sa lumière bienfaitrice. Une mouche vint se poser sur l’orteil de Villaume qui était resté hors de la tente. Celui-ci eut un soubresaut qui le tira de sa léthargie. S'apercevant de l'absence de son ami, il hasarda sa tête dehors, mais bien trop vite pour éviter d'être ébloui. En titubant, il marcha jusqu'au feu qu'ils avaient allumé la veille et dont les braises encore chaudes appelaient son envie de pisser dessus. A peine commença-t-il à uriner qu'une voix l'interrompit:
- Tiens Tiens Tiens… Mais regardez donc qui va là ! Ricana une voix derrière lui. La princesse a daigné ouvrir ses royales paupières. Pas de chance princesse, va falloir que tu mettes ça.
Il n’avait pas eu le temps d’ouvrir son second œil, qu’il se sentit soulevé puis attaché solidement à un cactus par une corde qui lui lacérait le torse.
Non loin de lui, Kivun avait subit le même sort, mais apparemment, il avait tenté d’appeler au secours, puisqu’un bâillon lui avait été enfoncé profondément dans le gosier. Son bandana autour du cou, un chapeau de cowboy mal vissé sur son crâne ensablé et suant, l’individu, entouré de mauvais garçons tout aussi moches et mal fringués, s’approcha de notre lapin en se dandinant de droite à gauche comme un ivrogne après une nuit au Saint Hilare, taverne qu'il connaissait bien lui-même.
- Alors princesse ? Bien dormi ? T’as tout ce qu’il faut pour ta convenance ? demanda-t-il avec piètre ironie. Laisse moi t’dire quequ’chose, tu vas faire c’que j’te dis et t’as intérêt si tu veux qu’ton pote vive.
Sa voix perdit de sa suavité, et c’est un personnage grossier et mal-apprit qui se révéla aux yeux du lapin.
- Vous êtes qui, bordel et vous voulez quoi ? On n’a rien pour vous ici, tirez-vous avant que je vous attrape, sinon, je vais vous faire passer un sale quart d’heure, suffoqua Villaume, tout rouge de colère.
Mais son effronterie n’eut pas l’effet escompté puisque les quatre lascars éclatèrent d’un rire rauque de vieille fumeuse de soixante ans, toussant et crachant leurs poumons sur nos amis. L’un deux avala même sa chique au point de s’étouffer, mais une violente tape dans le dos d'un de ses camarade le ramena à la vie, pour n'en rire que de plus belle.
Ce gang de malfrats, puisqu’il s’agissait bien de cela, était formé de trois renards et d'un coyote. Les différentes cicatrices qui garnissaient le corps et le visage de chacun d’eux, ne laissaient pas douter sur leur expérience dans le banditisme de grand chemin.
Celui qui s’adressait à Villaume était l’un des renards. Affichant un sourire narquois, il se dirigea vers le marsouin pour le libérer de ses bâillons.
- Ne les écoute pas Villaume ! Ne fais pas ce que …gnumgnumgnum, essaya de prévenir Kivun avant de se retrouver à nouveau aphone.
- T'aurais mieux fait de la fermer mon salaud, pesta le renard en décochant un coup de pied en plein dans ce qu’il pensait être les parties de Kivun.
Ce dernier, cracha par son évent une fontaine de morve et de salive.

Villaume était perdu, que pouvait-il faire contre ces quatre gredins. Il ne pouvait, dans un premier temps, que collaborer. Collaborer, oui, mais à quel prix ?
- Qu’attendez-vous de moi ?
- On a juste besoin d'toi pour une petite livraison, reprit le renard, que Villaume soupçonnait maintenant fortement d'être le chef de ces gringos.
- Une livraison ? Quel genre de livraison ?
- Du calme poupée. Juste une livraison, t’as pas besoin d’en savoir plus. Dis-toi juste que, si t’es en retard, tu meurs, et si tu ne livres pas à la bonne adresse, ton ami meurt, et si tu tentes un sale coup, vous mourrez tous les deux. T'as vu, on te laisse le choix, dit-il en riant, aussitôt suivit par les ricanements nerveux de ses congénères.
- Mouais… Le choix, bande de cons, marmonna-t-il.
- Tu dis quoi ? reprit le renard, en glissant le canon de son révolver sur le cou de son prisonnier.
- euh... Rien rien, répondit Villaume en avalant sa glotte, je dis OK à votre plan, sourit-il, bien que la rage qui l'habitait à cet instant faisait bouillir son sang déjà échauffé par le soleil.
- Bon ! Qu’on habille le babouin et qu’on mette le boulet à l'autre baleine. Dit-il en direction des autres, restés immobiles pendant l’interrogatoire.

Quand Villaume fut libéré, il dû revêtir une robe de prostituée qu’on ne retrouvait que chez les filles de l’Est, et fut forcé de se maquiller, sous les sifflets lubriques des quatre mécréants. Bien qu’il se soit déjà travesti pour assouvir ses fantasmes cachés, jamais il ne s’était sentit autant humilié. Les pincements de fesses que lui infligeaient ces imbéciles, le rendaient irritable au point que s’il n’avait entendu les gémissements de plus en plus étouffés de son ami asséché, il aurait déchiré ces froufrous et aurait dévoré aussi sec toute cette mauvaise graine, mais il devait se soumettre.

Kivun et lui furent solidement attachés derrière une carriole qu’ils durent suivre à pied, sur le sable brûlant du désert.
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Message par Gnu Sam 6 Oct 2007 - 21:48

CHAPITRE IV (SUITE)


Au dessus du groupe planaient des rapaces affamés, impatients de se délecter du repas le plus frugal qu’ils n’avaient eu depuis l’année dernière quand un chargement de jambon de sanglier de l’Est fut déversé en plein milieu du désert . L'impact de cette manne céleste sur la faune et la flore avait inquiété les géopaleozoourinologues, puisque la population de chacune des espèces vivant sur ces arides plaines avait augmenté de mille pour cent, chassant de leur habitat naturel les animaux, les repoussant vers les villes. Les retombées économiques et sociales furent incroyablement néfastes. La population souffrit de maux qu’on n’avait jusqu’alors jamais vu. La putréfaction des corps avait attiré toute sorte de bestioles rampantes et volantes, apportant avec eux peste et choléra. Une enquête démontra que ce déversement n’était en rien un hasard, mais les enquêteurs en charge de l'affaire avaient mystérieusement disparus. Nous verrons plus tard comment et pourquoi avait été mis à exécution un plan aussi machiavélique.

Mais revenons-en à nos amis.
La dernière goutte de sueur que son corps pouvait produire allait s’évaporer sur son crâne, quand Villaume aperçut à moins d’une centaine de mètres les toits craquelés et mal ajustés d’une ville de pionniers. Il ne regardait plus son ami, pas plus qu’il ne pensait à lui. Sa concentration toute entière était tournée vers un seul objectif : rester en vie, et les toits de la cité toute proche lui donnaient une dernière impulsion pour ne pas tomber raide mort au milieu du désert. Chose étrange, plus ils s’approchaient, plus il avait l’impression que cette ville était plate. Les bâtiments, le mobilier urbain, les abreuvoirs, les carrioles, tout était inexorablement plat. Finalement, épuisé par trois longues heures de marche sous soleil, il tomba les genoux sur le sable. A cet instant, on aurait pu croire que la mort s’était abattue sur la Sierra Denada. Ses genoux choquèrent le sol dans un craquement de bretzels qu’on broie entre les dents, s’étalant de tout son long sur les caillasses en fusion du sol aride du désert. Il y a peu de ces hommes que l’on voit bouffer la poussière avec classe et grandeur, et Villaume ne faisait pas partie de ceux là. La bouche mi-ouverte, la langue sortie, sa carcasse était traînée derrière la carriole comme une fiente qui n’aurait su se détacher du plumage de l’oiseau qui l’avait chié.

Un chien aboya et la caravane passa. Elle s’arrêta dans cette ville de pionniers aux allures de ville fantôme, où l’on n’entendit rien de plus qu’un claquement, puis enfin un cri :
- COUPEZ ! Coupez, COUPEZ !!! Bon sang ! Qué es!? No no no no, yé né pé plous travailler dans ces condiciones ! ¡ Yé vé voir lé respounsable é Rápidamente! Qu’on les arrête !
Celui qui s’égosilla dans le mégaphone n’était autre que le grand J.P.A. Jaratouf, cinéaste, réalisateur et producteur de tous les plus grands films western que le cinéma contemporain ait jamais diffusé. Il connût son premier succès à l’âge de 21 ans quand il produisit El Mourta Della avec un simple 8mm. Film de 3h sans effets spéciaux, monté en une seule nuit, et dont les quatre seuls plans qui le compose retracent la journée d’un chercheur d’or devenu aveugle à force de chercher des pépites dans la rivière, et qui doit rentrer chez lui dans le noir, mais finit dévoré par des coyotes.
A l’époque, les critiques l’avaient incendié, alors en représailles, il avait avalé la bande entière de son film, avec du piment rouge extra-fort.

Quand Villaume ouvrit les yeux, il se retrouva nez à nez avec un gorille horrible, au regard ignoble et aux dents acérés. Il sursauta d’un coup, et alla se cacher derrière un tas de vieilles VHS dont les titres évocateurs retinrent son attention un coup. Soudain, il entendit un ricanement nasillard, suivit d’un raclage de gorge profond :
- Ahahaha, Gare au gorille ! Alors, tou es enfin réveillé ? Excellent ! Mais laisse-moi mé présenter, soy Javiere Pedro Alvaro Jaratouf, ton hôte.
Le sourire qu’affichait l’individu rassura quelque peu le rongeur qui commençait à se demander ce qu’il faisait ici. Il avait encore un peu de mal à bouger, et un mal de crâne insupportable cognait ses frêles tempes dont les veines dilatées par la chaleur tissaient une toile de nerf sur son front de velours.
- Jé yimagine qué tou aimerai des explicacion. Es todo a tu honor, et yé vais té lé dire. Mais avant tout, tou dois té réposer, dit Jaratouf en s’apprêtant à sortir.
- Euh, oune instant, enfin, un instant steuplé, j’aurais aimé savoir… t’aurais pas vu, comment dire… un marsouin quand tou m’as… euh… tu m’as trouvé ?
- Oune Marsouine ? Ma, tou veux dire que cette chose qui réssemble à oune sac dé sport es oune amigos de te ? Caramba ! On l’a mit dans le coffre !
- Ah c’est balaud, c’est mon pote, Kivun, sourit Villaume.

Ils sortirent tous les deux pour aller récupérer le mammifère marin, qu’ils trouvèrent plié en deux dans une malle grande de 20 par 40. Kivun cognait aux parois, autant qu’il le pouvait dans un endroit si étriqué, griffant le bois de ses nageoires délicate.
Il n’avait pas fière allure, mais une fois extirpé de là à l’aide d’un tube de vaseline, il reprit sa forme normale, comme un de ces clowns montés sur ressort qui vous saute à la figure quand vous ouvrez sa boite.
- Ahum, vous disiez ? demanda Kivun l’air de rien. Bon, c’est pas que je m’ennuie, mais j’aimerai savoir ce qui se passe ici, et qu’est-ce que je fous là !
- Ben, c'est-à-dire… balbutia Villaume, je n’en sais rien. Il faudrait demander à l’excentrique ibérique qui m’accompagne depuis tout à l’heure.
- Heu, et qui êtes vous ? Que voulez-vous ? Combien de fois vous m’avez violé quand j’étais dans les vapes, HEIN ?!
- Dou calme ! Dou calme mon amigo, sourit Jaratouf, yé né soui pas celle qué vous croyez…
- CELLE !? s’écrièrent nos deux compères, dans le même élan de dégoût et d’indignation.
- Mais merde ! C’est quoi cet endroit, y’a que des travestis depuis le début de l’histoire, dit Kivun. Entre ce con de PI-Skoul, l’excentrique moustachu qui se la joue pédale douce, et toi mon pauvre ami... D'ailleurs, qu’est-ce que tu fous dans cette robe ?
- Ah merde, j’étais tellement bien dedans que j’avais même pas remarqué que je la portais encore, dit Villaume. Arf, je vais la garder encore un moment pour voir, finalement, ça me va bien non ?
- Aye aye aye ! MADRE DE DIOS ! Yé soui couit !
- « Couite » plutôt, corrigea Villaume.
- Oui, Couite ! Yé gardait cé sécrét dépouis plou dé vingt ans, et aujourd’hui, yé mé fait piéger comme oune béotienne ! ET MIERDA !
- Ouaip, ben là c'est foiré de chez foiré, reprit Kivun. Bon, alors merci madame monsieur, mais maintenant faut qu’on y aille et…
- Attends Kivun, t’as pas envie de savoir ce qui se passe ici ? Moi chui toute émoustilléeeu.
- Tu devrais sortir de ce costume Villaume, ça commence à te monter au nez. Moi ce qui me chiffonne c’est de savoir où sont passés les salauds qui nous ont enlevés, parce que j’aurai deux mots à leur dire et une petite vengeance personnelle, rajouta-t-il en se massant l’entre-cuisse.
- Oh, cés imbécilés ? Cé sont des chasseurs dé primes, ils sont hors d’état dé nouir mainténant, dit Jaratouf. Personne, non PERSONNE, ne m’interromps pendant lé tournage dé mon FILM ! rajouta-t-elle dans un rire démoniaque. Au fait, j'aimérai qué vous gardiez pour vous qué yé soui oune … vous savez quoi.
- Oune fille tou veux dire ? répéta Villaume.
- Shhhhht ! Pas si fort, tou vas mé faire répéré.
- Hey ! C’est pas fini vous deux ? J’aimerai sortir d’ici, j’ai faim, je suis sale et fatigué, et par-dessus tout, je suis asséché, et c’est très mauvais pour ma peau d’albâtre.

Villaume et Jaratouf rirent à gorge déployée, mais quand ils se regardèrent et virent leurs ridicules accoutrements, leur rire s’atténua, pour s’éteindre dans un silence gêné.
Gnu
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